La découverte de la peinture, avec la technique du dessin à l’encre de chine, puis l’emploi de techniques mixtes qui s’adaptent si parfaitement à son sujet. Car son grand œuvre, Lask l’a entrepris depuis plusieurs années déjà, avec une opiniâtreté qu’on lui laissera le soin de définir : « Pages de livres. Rayées, raturées, calligraphiées. Recouvertes d’autres pages du livre, rayées, raturées, calligraphiées, jusqu’à la dernière page, jusqu’à la dernière lettre. Livre perdu et retrouvé. Lettres et mots devenus incompréhensibles définitivement. Ni tristesse ni amertume. Seule l’urgence de recopier ». Ainsi recopie-t-il inlassablement, obsessionnellement, les pages du Livre, ces lettres hébraïques des fameux livres de sa jeunesse et dont la langue s’est irrémédiablement perdue pour lui. Lettres finissant par créer un livre dont la grammaire, pour reprendre le beau titre du dernier roman de David Grossman est de toute évidence intérieure. Mais d’une telle violence, d’une telle mortelle beauté qu’on en saisi d’emblée, avec effroi, les indicibles règles. Il faut voir cela et dire enfin que l’œuvre de Lask - si curieusement méconnue - est une des plus fortes produites après la Shoah...» Serge Lask est mort en 2002. Jacques Mandelbaum Tribune Juive