Le texte parle et dit qu'il est écrit en Yiddish. C'est une langue que Lask ne connaît pas, mais qui lui fait signe. Une somme de mots de passe qui permettent d'entrer dans la mort-monstre des camps. Sur le champ de ces mots, des visages. Les uns sont blanc-pâles, les autres sont rougis par les reflets de l'horreur qui les casse, les dissocie, les fusionne. Sur le champ des lettres hébraïques, ces visages sont placés - creusés donc - comme des tombes dans un terrain souvent gris. Parfois brun, couleur de baraque. Il Y a dans les blanc-calmes une certaine ancienneté de la mort. Les rougis témoignent au présent. Les sculptures sont des corps bandés comme le sont les yeux dans certaines circonstances. Quand on prend le temps d’éviter au condamne la vue des fusils. Mais la courtoisie n'est pas de mise ici. On volt bien que les corps se sont bandés eux-mêmes, comme lis pouvaient. Ils se sont même ensachés. Chaque partie du corps s'est ramassée, mise en sac. L'apparence seule les fait tenir debout. Quelques croix : la croix est la structure de l'épouvantail. Les plus petits des corps ont la face tournée vers le mur. Leur regard serait trop dur à supporter. On dirait que chacune de ces œuvres a recueilli le malheur exprimé par l'ensemble des autres. Pierre DUMAYET 26 février 1988.